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Architecture: Mies van der Rohe




















Maria Ludwig Michael Mies est né en 1886, dans une famille de tailleurs de pierre. Suivant la tradition familiale, il se forme au travail du stuc et de l'ornementation à l’école technique des bâtiments de Aachen. Diplôme en poche, il parachève sa formation technique comme il se doit en Allemagne, par un apprentissage pratique, qu'il fait dans l'entreprise familiale.


En 1904, il décroche un premier emploi de dessinateur chez l'architecte Albert Schneiders. Un projet berlinois de l'agence, l'amène à rencontrer l'architecte Dülow qui lui propose un poste au service d'urbanisme de Rixdorf, petite ville de la banlieue Berlinoise. Il quitte Aachen en 1905 pour s'installer à Berlin et intègre définitivement le monde de l'architecture, mais le traitement des matériaux et l'artisanat, resterons, tout au long de sa carrière la marque d’originalité de son travail.

Il lâche l'administration en 1906, pour le cabinet d'architecture berlinois de Bruno Paul où il restera jusqu'en 1908. Parallèlement il suit des cours aux Arts Appliqués –Kunstgewerbeschule- et aux Beaux Arts -Hochschule für bildende Künste-. Il découvre Schinkel pour lequel il se passionne. En 1907 il se voit confié un premier projet, la maison Riehl à Babelsberg (Potsdam). Cette campagne de style Art-Déco teinté de néo-classicisme est bien reçue par la presse.

Après quatre années de travail en commun, Bruno Paul lui conseille de rentrer chez Peter Behrens. Il pense que ce dernier, chef file de l'avant garde, est sollicité pour de plus important projets, plus adapté à développer les aptitudes du jeune Mies. Le passage chez Behrens va effectivement être décisif. Il y rencontre Walter Gropius qui lui aussi débute. C'est aussi l'époque, où il découvre lors de son exposition berlinoise de 1910 le travail de Frank Lloyd Wright, qui va particulièrement le marquer.
La maison Perls à Berlin-Zehlendorf en 1911, est sa deuxième construction. Elle est la propriété de l'historien d'art Edward Fuchs. Le style de la maison reste conventionnellement de forme néo-classique, mais il est dépouillé de toutes ornementations.
Behrens lui confie alors la direction du projet du musée privé Kröller-Müller en hollande. Ce projet n’aboutira pas car Behrens lui-même, ne parvient pas à se mettre d'accord avec les bailleurs. Mies décide alors de présenter son propre projet, indépendamment du cabinet Behrens.


Il part en 1912 s’installer à la Hague. Il ne construira finalement pas le Musée. C'est Hendrik Petrus Berlage son concurrent local qui remportera le contrat, mais le travail rigoureux, dans le traitement des matériaux et la logique de construction ce dernier, auront sur son travail futur une grande influence.
Il rentre à Berlin en 1913 et ouvre sa propre agence. La même année il construit la maison Werner à Berlin puis en 1915, malgré la guerre, la maison Urbig pour le banquier du même nom à Potsdam-Neubabelsberg.


A partir de 1919, date de sa démobilisation, son style va évoluer jusqu'à radicalement changer. Mais on peut dire que tout change après la première guerre mondiale. Le tissu social et culturel va exploser. La révolution de 1918 amène la démocratie et ses corrélatifs, luttes de pouvoir et de classe. Le monde artistique et culturel n'est pas en reste. Les artistes se rassemblent - Groupe de Novembre entre autre-, pour discuter de la nécessité de leur engament politique et social, tout autant que de la remise en cause des postulats esthétiques.
En architecture, l'historicisme avec ses surcharges ornementales, "remixant" tous les styles antiques réels ou imaginés, avait largement dominé au 19e. Au début du 20e, très peu d'architecte même les avant-gardistes n'ont encore tout à fait intégré dans la théorie de l'architecture, les avancés technologiques -béton/acier-, qui ont commencé à se développé dès la moitié du 19e siècle. Dans les années 20 va s'opérer une reformulation complète de ces théories, de la manière de penser, de concevoir. L'esthétique d’un bâtiment ne sera plus décorative mais fonctionnelle.


L'année 1921 est nouveau départ, il prend le pseudonyme de Mies van der Rohe - Rohe étant le nom de sa mère -. Il rejoint le groupe Novembre et y animera la section architecture jusqu'en 1925. Il participe au célèbre concours pour un immeuble de bureau dans la Friedrichstrasse, auquel participera aussi Hugo Häring et Hans Poelzig. Sa participation ne sera pas prise au sérieux, son ébauche jugée utopiste et pas assez précise...
Quoi qu'il en soit, étaient jeté les bases, de ce qu'il nommera plus tard l'architecture de peau et d'os, la peau étant le verre, les os la structure d'acier. En 1922 il présente lors du Salon de Berlin -Großen Berliner Kunstausstellung-, exposition organisé par le groupe Novembre, une variante du projet de 1921pour la Friedrichstrasse, qu'il accompagne cette fois d'une maquette. Il continue sur sa lancé et présente pour l'édition de 1923, deux projets : immeuble de bureaux et maison de campagne en béton armé. En 1924 pour sa dernière participation, il livre la maison de campagne en brique, première ébauche à espaces ouverts et imbriqués, dont le plan masse est inspiré des peinture de Theo van Doesburg et du "Prounen Raum" de El Lissitzky. La radicalité de ses propositions est mère de succès, la résonance est nationale, expositions, publications, conférences, le mène aux quatre coins du pays. Très impliqué dans le débat de l'architecture moderne, il défend la nouvelle objectivité architecturale, sans toutefois complètement ou de manière unilatérale dédier toute forme à sa seule fonctionnalité.

1923 il construit son premier bâtiment utilisant le vocabulaire de la "modernité", la maison familiale Ryder à Wiesbaden, un cube crépi à toit plat utilisant des fenêtres préfabriqués. Ironie du sort, des rénovations ultérieures et hérétique, rajouteront un toit à la maison…

Les années vingt sont d'une extrême densité. Après l'inflation qui suit la guerre, la reprise commence à se faire sentir et se caractérise par la construction de lotissement dans les plus grandes villes allemandes et principalement à Berlin. Berlin cette ville champignon dont on compare l'expansion à celle Chicago, repousse ses murs et intègres les villes avoisinantes - Schöneberg, Charlottenburg, ... - pour former le grands Berlin en 1920.
Mies van der Rohe est sollicité pour la construction de quatre résidences familiales rue de l’Afrique -l'Afrikanischen Straße- à Berlin-Wedding en 1927. Son projet le plus important en la matière demeure Le Quartier Blanc -Weißenhofsiedlung- de Stuttgart, qui constituera une sorte de manifeste de la modernité.

La vitalité des années vingt s'applique aussi au domaine des activités théoriques. Reçu en 1923 à l’Association des architectes allemands -B.D.A.-, Mies van der Rohe fonde en 1924, avec d’autres membres progressistes, un groupe de discussion interne appelé le cercle -The Ring-. Il est résulte de cette partition, des affrontements violents entre les tenants de la tradition et de la Modernité, qui entraine la démission des membres du Ring, de la B.D.A. en 1926.
Cette même année, la Fédération de l’Art de l’Industrie et de l’Artisanat, -Deutscher Werkbund- dont il est membre depuis 1924, le coopte pour la vice-présidence. Sa fonction l’appelle au commissariat de l’exposition annuelle de la Werkbund à Stuttgart. "L'appartement" en sera le titre et thème pour 1927. Une partie de cette exposition sert de préfiguration à la construction ​​du Quartier Blanc, dont il conçoit le plan de développement et coordonné la réalisation.
Il y construira aussi une barre de quatre immeubles, dans lesquelles il utilise pour la première fois un squelette d’acier, qui permet des fenêtres plus grandes et des espaces de vie à utilisation variable. Il invite entre autre, les frères Le Corbusier qui conçoivent deux bâtiments. En retour, ils l'inviteront à prendre part au premier congrès du CIAM.
Une deuxième exposition en collaboration avec l'architecte d'intérieur Lilly Reich présentait et traitait du mobilier moderne.
Le succès précédant la notoriété, Mies van der Rohe est invité à réaliser le pavillon allemand pour l'exposition universelle de Barcelone en 1928, pour lequel il crée le célèbre Barcelona-Pavillon et sa ligne de meuble. En 1930 il prend la direction du Bauhaus de Dessau. Il commence la maison Tugendhat en Tchécoslovaquie à Brno, qui sera suivit par le complexe industriel de Krefeld 1931,les maisons Gericke en 1932, Hubbe puis Lange en 1935.


Mais l'aventure de la modernité en Allemagne se termine avec l'arrivé d'Hitler au pouvoir. Le Bauhaus de Dessau doit fermer en 1933. Mies van der Rohe essaie d'en faire une école privée à Berlin. Pour pouvoir rester dans le circuit, il ira même jusqu'à prendre sa carte au NSDAP. Le monument pour Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht qu'il a construit en 1926, le met malgré ses efforts à l’index du nouveau régime. Il sera banni de l'académie en 1937, sans être toutefois sous le coup d'une interdiction de travail. L'opportunité d'enseigner à l'Armour Institute de Chicago lui fait quitter l'Allemagne définitivement en 1938. En 1944 il opte pour la nationalité américaine et continue sa carrière qui devient internationale.
Il reviendra à Berlin pour superviser la construction de la Neue Nationale Galerie que le Sénat de Berlin Ouest lui commande au début des années 60.
Son attitude "concilient" par rapport au régime nazi dans les premiers temps de leur pouvoir l'a fait taxer d'opportuniste, cependant au regard de l'énormité de ses productions, projets, constructions, enseignements, écrits, ... On peut imaginer que ce travailleur passionné, que la politique n'intéressait pas, ai cherché des solutions pour essayer de pouvoir continuer à développer la marche en avant de ses recherches ....



Maison Riehl à Babelsberg, 1907

Maison Perl Berlin-Zehlendorf, 1911

Haus Urbig, Potsdam, 1917

Coucours Friedrich Strasse Berlin, 1921

Glashochhauss, étude 1922

Glashochhauss, étude 1922

Theo van Doesburg, Composition VII The Three Graces, 1917

El Lissitzky, Prou­nen Raum, 1923

Mies van der Rohe, esquisse

Rosa Luxemburg und Karl Liebknecht, Berlin-Friedrichsfelde 1926

Lotissement familial, Afrikanische Strasse Berlin-Wedding 1927


Maison Wolf, Guben 1927

Maison Wolf, Guben 1927

Exposition "l'Appartement", Stuttgard 1927

Exposition,"l'Appartement", Am Weißenhof Stuttgard 1927

Vignette publicitaire de l'exposition "l'Appartement" 1927


Vue de l'exposition "l'Appartement" 1927


Maison Lange et Erters Krefeld 1927-1930


Maison Esters Krefeld 1927-1930


Pavillon Barcelona, Exposition Universelle 1929

Pavillon Barcelona, Exposition Universelle 1929
Photo ⓒWojtek Gurak

Pavillon Barcelona, Exposition Universelle 1929
Photo ⓒWojtek Gurak

Pavillon Barcelona, Exposition Universelle 1929
Photo ⓒWojtek Gurak

Bauhaus de Desau, 1930

Tugendhat, Brünn (Brno) 1930

Tugendhat, Brünn (Brno) 1930

Tugendhat, Brünn (Brno) 1930

Entreprise Krefeld 1931



Reichsbank non réalisé, Berlin 1933

Maison Lemke Berlin, 1933
Photo ⓒMj Ourtilane
Maison Lemke Berlin, 1933
Photo ⓒMj Ourtilane
Neue National Galerie Berlin 1960

Neue National Galerie Berlin
exposition rudolf stingel, 2010

Neue National Galerie Berlin, détail









Architectes du Quartier Blanc de Stuttgart:
Peter Behrens, Victor Bourgeois, Le Corbusier et Pierre Jeanneret, Richard Döcker, Josef Frank,
Walter Gropius, Ludwig Hilberseimer, Ludwig Mies van der Rohe, Jacobus Johannes Pieter Oud,
Hans Poelzig, Adolf Rading, Hans Scharoun, Adolf Gustav Schneck, Mart Stam, Bruno Taut,
Max Taut, Ferdinand Kramer


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